Colloque

Homo Sacer: Giorgio Agamben et l’usage de la métaphysique

Organisateur : Anoush Ganjipour
Lieu : Université Paris Diderot - Amphi Buffon, rue Hélène Brion, 75013
INFORMATION ET CONTACT : Danièle Sansoucy
Date : 8-9 avril 2016

 

L’Homo sacer doit être considéré comme le Projet philosophique de Giorgio Agamben qu’il suit depuis les années 1990. Avec la parution de L’usage des corps, second tome du quatrième volume, c’est l’ensemble de ce projet qui arrive à sa fin.

Dans ce dernier volet, on retrouve quasiment tous les thèmes majeurs développés dans les différents volets de l’Homos sacer. Aussi c’est dans ce volet que se manifeste le plus clairement le grand tournant qu’Agamben a introduit dans son Projet : si dans les premiers volets l’accent était mis sur la « vie nue », son rapport à la politique, à la loi ou encore à la naissance du gouvernement moderne, dans les volets plus tardifs l’attention d’Agamben se tourne au fur et à mesure vers la « construction de la vie » en tant que forme éthique, ce par quoi l’homme s’efforce justement de soustraire sa vie à toute gouvernementalité. D’où l’importance que l’auteur accorde de plus en plus aux traditions mystiques ou monastiques et, plus tard, aux deux concepts de corps et d’usage en rapport à la « forme de vie ». Dans ce colloque, il s’agira de s’interroger, à partir de ce point culminant qu’est L’usage des corps, sur la signification philosophique du projet d’Agamben, sa cohérence ou son évolution, sa continuité programmatique ou éventuellement ses coupures internes.

Ce qui distingue l’Homo Sacer et l’inscrit en même temps dans la scène de la philosophie contemporaine, c’est le dialogue permanent que, de façon plus ou moins explicite, Agamben entretient à travers ce projet avec plusieurs de ses contemporains en relayant les avancées des uns ou en répondant de façons critiques aux thèses des autres. De telle sorte qu’il faudrait considérer l’entreprise d’Agamben comme un effort pour construire une position métaphysique par rapport aux autres positions formant la carte de la philosophie contemporaine, position qui semble vouloir tenir compte de l’ensemble des enjeux majeurs traversant cette carte. Le rapport d’Agamben avec l’œuvre de Michel Foucault est de ce point de vue exemplaire : par plusieurs biais, l’Homo Sacer se présente comme une continuation (prolongement ?) du travail de Foucault, mais en même temps conduit la méthode archéologique et la visée théorique du programme foucaldien dans une direction sensiblement différente. Notre colloque aura donc pour tâche d’examiner également la topographie de l’Homo Sacer dans le contexte métaphysique contemporain.