La Fabrique du politique est une Action structurante de l’université Paris Diderot qui compose une des axes de recherche de l’IHSP (Institut Humanités et Sciences de Paris).
Elle conjoint cinq composantes du secteur LSH de l’université et mobilise sept laboratoires de recherche dans plusieurs disciplines : sociologie, philosophie, anthropologie, histoire, géographie, psychanalyse, Etudes anglophones, littérature, études cinématographiques, etc…
L’objet de la Fabrique du politique est double : fédérer les approches du politique ; composer une scène de réflexion critique pour penser le rapport de l’université à la société.
D’un côté, les savoirs et les études rencontrent la question politique de diverses manières et en saisissent des aspects différents. Le parti pris de la Fabrique est de ne pas définir à priori la chose politique mais au contraire de la reconnaître en ses multiples manifestations et problématiques. D’un autre, une université n’est pas seulement un lieu de production de savoirs et de formation des compétences : elle est un service public engagé dans l’édification constante du lien social.
Les savoirs élaborés, les recherches menées demandent à rencontrer la société sous différentes formes et au travers de différents truchements institutionnels ; les formations élaborées au sein de l’université demandent à rejoindre la société pas seulement en termes d’emploi, mais aussi de tissage du lien social ; la société elle-même demande à l’université de mettre ses compétences et ses diplômes à son service et, là aussi, pas seulement par la voie économique mais par les voies intellectuelles, culturelles, techniques, éthiques et … politiques.
La Fabrique est ainsi le carrefour des disciplines ; et ce carrefour se tient au croisement de la cité et de l’université. Les savoirs de la politique, aussi indirects soient-ils, sont indissociables d’une politique du savoir.
Trois dimensions organisent les recherches et activités menées au sein de la Fabrique du politique : Utopies, Emancipations, Radicalisations. Utopie parce que le réel n’est pensable que projeté dans une altérité qui lui donne sens : pensées alternatives. Emancipations parce que le social n’est envisageable qu’au sein de processus de libérations continuées : pensées révolutionnaires. Radicalisations parce que l’esprit d’une société est confrontée à des processus d’idéologisation violente qui s’aggravent aujourd’hui et qu’il nous faut affronter : pensées remédiatrices. En ces pensées la science est politique.
Thème de recherche
Est donc venu le moment où l’université doit s’interroger sur la manière dont les sciences rencontrent la question politique. Interrogation par définition inter ou transdisciplinaire sous deux aspects : elle exige d’une part d’entendre ce que les savoirs et les arts disent du politique ; elle requiert d’autre part en son sein une arène réflexive où se trouvent discutés le rapport de l’université à la société et la signification politique de ce rapport. La fabrique du politique est ce lieu de réflexivité interdisciplinaire où l’université Paris Diderot doit pouvoir s’interroger et se retrouver.
« Politique » est pris en un sens large, comme l’ensemble des conflits affectant les règles et pratiques du vivre-ensemble, que ce soit dans une mobilisation collective, une prise de parole ou un appareil discursif, des fragments d’archive, des productions artistiques et littéraires, des formats de subjectivité, des iconographies ou des montages d’images. Puisque ces différents objets se déploient aux croisements d’approches distinctes —sociologie, anthropologie, philosophie, histoire, géographie, littérature, psychanalyse, science politique, économie, études civilisationnelles —, il s’agit de construire des passerelles entre ces différents regards. Car nous sommes encore bien mal outillés pour communiquer et traduire des résultats d’un langage disciplinaire dans un autre.
Ce travail d’élaboration interdisciplinaire sur le politique se déploiera selon trois axes problématiques qui ont vocation à fédérer les approches : les radicalisations de la violence dans la mesure où elles engagent des refontes radicales des subjectivités, soit sous une forme protestataire soit sous une forme terroriste ; les émancipations des sujets individuels et collectifs qui dessinent comme l’horizon de sens du vivre-ensemble par-delà les fonctionnalités économiques ; les utopies de mondes à venir comme promesses d’une reconfiguration réussie des rapports sociaux.
Il prendra la forme de séminaires, colloques, programme de recherches, expérimentations, formations, publications, manifestations culturelles, réalisées par les centres de recherche impliqués.